Le Prix Impact reconnaît les contributions exceptionnelles de membres de la SSC dans le domaine de la recherche collaborative et du travail appliqué, dont l’importance provient principalement de leur impact relativement récent sur un sujet autre que celui des sciences de la statistique, sur un domaine d’application ou encore sur un organisme. Ce prix peut être attribué pour une recherche en collaboration publiée, pour une collaboration en travail appliqué (publié ou non), ou de façon plus générale, pour l’impact qu’un statisticien aura eu sur un organisme (par exemple, une compagnie ou une agence gouvernementale), ou un domaine d’intérêt par l’entremise de son travail collaboratif ou appliqué.
Joanna Mills Flemming a obtenu son baccalauréat avec distinction en mathématiques, statistique et informatique de l’Université de Guelph en 1995. Elle a ensuite obtenu une maîtrise en mathématiques appliquées en 1997, à l’Université technique de Nouvelle-Écosse (aujourd’hui Université Dalhousie) et seulement trois ans plus tard, en 2000, elle a décroché son doctorat en statistique, toujours à Dalhousie. Après un stage postdoctoral au Département d’économie de l’Université de Genève, elle est retournée à l’université Dalhousie en 2004 où elle est actuellement professeure titulaire au Département de mathématiques et de statistique.
Le programme de recherche de Joanna porte sur le développement de modèles statistiques pour répondre à d’importantes questions scientifiques liées à la conservation et à la gestion du milieu marin, mais les méthodes qu’elle développe sont largement applicables. Ses recherches exploitent les quantités de plus en plus importantes de données écologiques complexes collectées chaque année dans l’environnement marin, capitalisant sur les nombreuses nouvelles sources de données qu’ont engendré les développements technologiques tels que l’imagerie par satellite, les étiquettes de télémétrie et les capteurs acoustiques. Certains ensembles de données sont issus de technologies numériques en plein essor (par exemple, le GPS pour le suivi des animaux marins) et d’autres de la science citoyenne (par exemple, les observations estivales de méduses sur les plages de Nouvelle-Écosse). Les questions importantes qui accompagnent ces progrès requièrent des modèles statistiques capables de saisir simultanément les dépendances dans l’espace et dans le temps.
Les travaux récents de Joanna incluent des projets axés sur l’intégration de données cartographiques à haute résolution des fonds marins afin de mettre en place des stratégies de récolte durable pour les mollusques et crustacés canadiens. La pêche commerciale du Canada atlantique repose principalement sur les mollusques benthiques, dont la valeur est estimée à plus de 3 milliards de dollars en 2019. En effet, l’océan fait partie intégrante de la culture, de l’environnement, de la santé publique et de l’économie du Canada ; l’économie de l’océan emploie plus de 315 000 Canadiens et contribue pour plus de 26 milliards de dollars chaque année au produit intérieur brut (PIB). L’importance de l’intégration d’informations spatiales dans l’évaluation et la gestion de ces populations de mollusques et de crustacés est reconnue depuis longtemps. Les distributions de densité des stocks de coquillages benthiques peuvent être relativement bien représentées par des cartes de l’habitat du fond marin. Ces cartes, combinées à des données géospatiales sur la pêche, aident à améliorer notre compréhension des schémas spatiaux et des complexités de la dynamique des populations de mollusques et de leurs réponses à la pêche. Un objectif important de ce travail est de concevoir des stratégies d’exploitation plus durables pour les espèces de mollusques benthiques (et autres) en intégrant de nouvelles connaissances sur la variabilité spatio-temporelle de la reconstitution et d’autres processus pertinents. Ces travaux contribueront directement à répondre aux demandes supplémentaires en matière de science halieutique dans le cadre des nouvelles dispositions relatives aux stocks de poissons de la loi sur les pêches (officiellement projet de loi C-68).
L’objectif à long terme de la recherche de Joanna est de rendre de nouvelles méthodes statistiques disponibles et de fournir un soutien pour les outils informatiques qui permettent au Canada de bien gérer ses ressources océaniques. Les efforts et l’impact de Joanna dans ce domaine ont été reconnus très tôt par ses pairs, puisqu’elle a reçu le prix du jeune chercheur Abdel El-Shaarawi 2013 de l’International Environmetrics Society. Ce prix prestigieux a récompensé ses contributions remarquables au développement de nouvelles méthodes statistiquew pour étudier la biodiversité et la durabilité marines et pour combler le fossé interdisciplinaire entre l’océanographie, la biologie marine et la science statistique moderne. Joanna est fréquemment invitée à parler de ses recherches lors de congrès nationaux et internationaux et de réunions universitaires. Ces efforts permettent également de générer de nouvelles collaborations avec d’autres disciplines.
Joanna s’engage avec passion pour son domaine universitaire et la communauté scientifique. Elle a récemment dirigé la création d’un centre régional de l’Institut canadien des sciences statistiques (INCASS), élaboré un nouveau programme de recherche et de formation pour le Canada atlantique, appelé Atlantic Canada Climate Research Collaboration, et a été coorganisatrice de l’atelier des chercheurs en début de carrière de l’INCASS Atlantique/Ocean Frontier Institute (OFI) pour l’année 2023. Elle a aussi récemment soutenu la création du laboratoire Statistical Ecology at Dal (SEaDAL) à l’Université Dalhousie. Cette initiative rassemble des chercheurs de diverses disciplines afin de mettre au point des méthodes statistiques pour l’écologie. Cette équipe hautement collaborative et interdisciplinaire développe des approches flexibles pour aider les scientifiques et les décideurs à formuler des questions de recherche, à concevoir des études et des collectes de données, à évaluer les hypothèses de modélisation et à prendre des décisions face à l’incertitude.
Joanna vit avec son mari et ses trois enfants à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Elle se soucie beaucoup de ses étudiants diplômés et a été ravie d’assister au mariage de l’un d’entre eux l’été dernier, tout en célébrant les succès d’un autre lors d’une promenade paisible dans le parc. Passionnée de course à pied, elle a couru le marathon de Boston en avril 2024.
« À Joanna Mills Flemming, pour ses travaux pionniers sur la modélisation espace-état en écologie marine et en sciences halieutiques, pour ses efforts visant à encourager les collaborations entre statisticiens et scientifiques marins au Canada et à l’étranger et pour son leadership au sein de la communauté de l’écologie statistique. »