John William HOPKINS, 1908-1989
À l’image du Dr Goulden, le Dr Hopkins fit ses débuts comme bioscientiste. Il reçut une Maîtrise en biochimie des plantes de l’Université de l’Alberta en 1931. Par ses travaux à l’Université, à titre d’assistant-chercheur, il se voua à la recherche d’une solution au problème de l’heure de la biologie canadienne : la découverte d’une nouvelle lignée de céréales résistantes à la rouille. Sa curiosité tenace et sa tendance à essayer de découvrir la vérité derrière les données apparentes l’amenèrent à réaliser que dans les expériences agricoles, la condition du blé dépendait davantage de la diversité des types de sols que des propriétés inhérentes aux espèces de blé considérées dans l’expérience.
Le livre intitulé Statistical Methods for Research Workers venait tout juste d’être publié (1ère Édition, Oliver & Boyd, Edinburgh, 1925, 14ème Édition, 1970, xiii + 362 pp.) par le biologiste anglais R.A. Fisher. La puissance des méthodes de travail illustrées dans ce livre impressionna John Hopkins qui s’envola immédiatement vers Londres pour poursuivre des études supérieures sous la direction de Fisher, études qui le menèrent à l’obtention d’un doctorat en 1934.
Dès son retour au Canada, il devint membre du Conseil national de recherches, où il mit sur pied un des premiers laboratoires de statistique, peut-être même le premier au Canada. Sous sa tutelle, le CNR devint un chef de file dans l’analyse de données biométriques et dans l’évaluation d’expériences scientifiques. Les champs d’application se multiplièrent au cours des années et devinrent de plus en plus complexes, jusqu’à englober les modèles d’écosystèmes et de biosystèmes. Les méthodes préconisées par le CNR permirent d’évaluer la sensibilité des modèles aux erreurs de mesure et d’échantillonnage.
Le Dr Hopkins demeura avec le CNR jusqu’à sa retraite en 1973, sauf lors de la deuxième grande guerre, où il participa (en tant qu’un des très rares statisticiens actifs au service du gouvernement) aux travaux alliés en recherche opérationnelle. Dans un premier temps, il se rapporta à la Défense aérienne de l’est à Halifax puis se retrouva outre-mer avec le Groupe Canadien de Bombardement Intensif. On le promulgua MBE en reconnaissance de ses services.
De nos jours, la plupart des agences fédérales s’occupant de sciences biologiques ont mis au point plusieurs services statistiques, mais cela n’était certainement pas le cas dans les années trente, quarante et même au début des années cinquante. Conséquemment, les services du Dr Hopkins étaient souvent retenus par d’autres ministères lorsque ceux-ci faisaient face à des problèmes reliés à la statistique. De ce fait, on le reconnut à juste titre comme le doyen de la modeste mais grandissante communauté statistique. Avant la naissance de la section de l’ASA à Ottawa, c’est au Dr Hopkins que revint le privilège, via une série de séminaires sur la statistique parrainée par le CNR, d’avoir mis sur pied un moyen de communication véritable entre les statisticiens professionnels du gouvernement fédéral.
Le Dr Hopkins fut élu membre de la Société royale du Canada, de l’American Statistical Association, de la Royal Statistical Society, membre de l’Institut International de Statistique et membre actif ainsi qu’officier de la Société Internationale de Biométrie.
Nous reconnaissons en la personne du Dr Hopkins un pionnier de la statistique appliquée au Canada.
Ivan P. Fellegi, 1983