Membre honoraire de la SSC 2021

Mary Thompson
Membre honoraire de la SSC
2021

Mary E. Thompson, éminente professeure émérite de statistique à l’Université de Waterloo, a été nommée membre honoraire de la Société statistique du Canada (SSC). Ce prix vise à honorer une personne qui a apporté une contribution exceptionnelle au développement des sciences statistiques au Canada et dont les travaux ont eu un impact majeur dans ce pays.

 

Née le 9 septembre 1944 à Winnipeg (Manitoba), Mary est la fille aînée d’Elinore Lindabury, diététicienne, et de Norman Beattie, un enseignant enrôlé dans l’Aviation royale canadienne à titre de navigateur pendant la 2e Guerre mondiale. À la fin du conflit, le couple a déménagé à Toronto, où Mary a grandi avec ses trois frères.

 

Mary a complété un 1er cycle en mathématiques à l’Université de Toronto en 1965. Elle a ensuite fait des études supérieures à l’Université de l’Illinois, obtenant sa maîtrise en 1966 et son doctorat en 1969 sous la direction du célèbre probabiliste Joseph Doob. Après son mariage avec l’ingénieur civil Carl Thompson, en 1968, elle est devenue Mary Elinore Thompson. Ils étaient unis depuis 52 ans lorsque Carl est décédé à la fin de 2020. Ils furent embauchés à l’Université de Waterloo en 1969, où Mary a enseigné à temps partiel au Département de statistique avant de devenir professeur adjoint en 1971. Elle a eu son premier enfant, Simon, en 1973 et par coïncidence, ses promotions aux rangs d’agrégé et de titulaire se sont produites les mêmes années où elle a eu ses deux autres enfants, Andrew (1975) et Alan (1980). Exception faite de ses congés sabbatiques, elle a enseigné à Waterloo jusqu’à sa retraite en 2009.

 

Tout au long de sa carrière, Mary a été un chercheur, un enseignant et un mentor exceptionnel. Ses travaux de recherche, nombreux, profonds et diversifiés, ont contribué aux fondements de la théorie de l’échantillonnage et à l’analyse des données d’enquête, à la théorie de l’estimation et à l’étude des processus stochastiques. Elle a signé plus de 135 articles dans des revues scientifiques et 24 autres dans des actes de congrès, ainsi qu’une douzaine de rapports techniques. Elle s’intéresse en outre à la méthodologie des enquêtes sur les comportements sanitaires et est associée au projet d’évaluation des politiques mondiales de lutte antitabac depuis sa création en 2002.

 

L’éminence de Mary en recherche lui a valu moult distinctions au fil des ans. Elle a été nommée compagne de l’Association des statisticiens américains en 1985, compagne de l’Institut de statistique mathématique en 1998 et membre de la Société royale du Canada en 2006. La SSC lui a rendu hommage en lui décernant la Médaille d’or en 2003 et le prix Lise-Manchester en 2012. Elle a été colauréate en 2009 du prix IRSC-JAMC pour les plus grandes réalisations dans la recherche en santé au Canada et les universités Western Ontario et de l’île de Vancouver lui ont conféré en 2016 des doctorats honorifiques soulignant sa carrière et son leadership exceptionnels.

 

Sur une période de plus de 40 ans, Mary a encadré 4 stagiaires postdoctoraux, 30 doctorants et 21 étudiants de 2e cycle, gagnant leur profonde affection grâce à son réel souci de leur bien-être, ses conseils avisés et le partage de son expertise professionnelle. Ses efforts lui ont mérité un prix de l’Université de Waterloo en 2007. Nombre de ses étudiants poursuivent de belles carrières universitaires. Véritable modèle pour les étudiantes au sein de son département, Mary a œuvré à la promotion de la femme en sciences mathématiques et combattu les inégalités liées au genre. En témoignage de reconnaissance, le COPSS lui a décerné le prix Elizabeth L. Scott en 2010.

 

À Waterloo, Mary s’est beaucoup dévouée pour son département et l’université. Dès le milieu des années 1970, elle a fait partie d’un comité consultatif sur le personnel enseignant féminin. De 1979 à 1984, elle a été directrice adjointe en statistique. De 1988 à 1991, elle a été vice-doyenne aux études supérieures de la Faculté de mathématiques. En 1997, elle a monté à Waterloo un réseau de recherche en méthodes d’enquête, ce qui mena en 1999 à la création du Survey Research Center qu’elle codirigera. De 1996 à 2000, elle a en outre été directrice du Département de statistique et d’actuariat, puis doyenne intérimaire de la Faculté de mathématiques pendant un an.

 

Qui plus est, Mary a rendu de très fiers services à la statistique canadienne. De 1995 à 2006, ainsi que de 2009 à 2014, et elle a siégé au Comité consultatif de Statistique Canada en matière de méthodologie. Elle a fait partie du Comité de sélection des subventions en statistique du CRSNG de 1992 à 1995 et du comité de rédaction de trois revues : JASA (1983-85), La revue canadienne de statistique (1992-95, 1999-2001) et Techniques d’enquête (2004-19). Elle a en outre occupé de nombreux postes au sein de la SSC, y compris la trésorerie (1985-87) et à présidence (2003-04). Point culminant de son engagement, elle a joué un rôle clé dans la mise sur pied de l’Institut canadien des sciences statistiques (INCASS), qu’elle fut la première à diriger de 2012 à 2015. La SSC lui a remis le prix pour services insignes à la profession en 2014.

 

En plus de garder contact avec ses trois enfants, ses quatre petits-enfants et sa famille étendue, Mary aime faire de longues balades dans Waterloo et du bénévolat pour son église. Ses loisirs sont la musique, la littérature, le théâtre, l’histoire de l’art canadien et celle de sa famille.

 

La dédicace du prix est la suivante: 

« À Mary E. Thompson, pour ses apports exceptionnels au développement de la théorie et des méthodes statistiques liées aux fondements de l’échantillonnage, à l’analyse des données d’enquête, à la théorie de l’estimation et aux processus stochastiques ; pour son engagement exemplaire dans la formation et le mentorat d’étudiants et de statisticiens en début de carrière ; et pour son grand dévouement envers la communauté statistique canadienne et la profession. »

 

Ce texte a été rédigé par Christian Genest et David Bellhouse, qui ont aussi proposé la candidature.