Lauréat du prix Lise-Manchester 2020

Leah Smith
Lauréat du prix Lise-Manchester
2020

Le prix Lise-Manchester 2020 est attribué à Leah Smith de la Société canadienne du cancer (SCC). Ce prix, décerné une fois tous les deux ans par la Société statistique du Canada (SSC), commémore l’intérêt marqué de feue Lise Manchester pour l’étude de sujets de société au moyen de méthodes statistiques. Le prix souligne l’excellence de travaux de recherche statistique portant sur des questions d’intérêt public susceptibles de guider l’élaboration de politiques publiques au Canada.

 

Leah est actuellement gestionnaire principale de la surveillance à la SCC, elle préside le Comité consultatif des statistiques canadiennes sur le cancer et est membre du Conseil canadien des registres du cancer et du Réseau pancanadien de dépistage du cancer du col de l'utérus. Elle a mené de nombreux entretiens dans la presse, à la radio et à la télévision à l’échelle locale et nationale.

 

Après un baccalauréat en psychologie à la Memorial University, Leah a suivi une formation en épidémiologie. En 2010, elle a défendu sa thèse de maitrise à la Queens University sur l’utilisation et la sécurité du vaccin quadrivalent contre le virus du papillome humain (VPH) chez les filles de 8e année, avant de décrocher son doctorat de la McGill University en 2014 pour sa thèse intitulée « The Impact of Human Papillomavirus Vaccination on Adolescent Health Outcomes: An Application of the Regression Discontinuity Design». Après des recherches postdoctorales au Département des sciences de la santé publique et au Centre de services et politiques de santé de Queens, elle s’est vu proposer en 2015 un poste d’épidémiologiste à la Société canadienne du cancer.

 

Le prix lui est décerné pour ses travaux, publiés dans le Canadian Medical Association Journal (2015), Pediatrics (2015) et le International Journal of Epidemiology (2017), sur les impacts réels et les éventuelles conséquences imprévues des campagnes et programmes de vaccination contre le VPH. Il est impossible de répondre à de telles questions par des essais contrôlés randomisés, or toute étude non expérimentale utilisant des outils standard risque d’être biaisée. Il faut donc recourir à des méthodes rigoureuses capables de mesurer les liens de causalité. Dans son premier article, Leah demande si les programmes d’immunisation contre le VPH ou l’administration du vaccin lui-même affectent le comportement sexuel des adolescentes. Elle combine pour cela une nouvelle méthode complexe quasi-expérimentale, la discontinuité par régression, à des données administratives sur la santé de grande qualité et une solide compréhension du contexte politique. Dans des conditions appropriées, cette méthode fournit une estimation sans biais et sans risque d’erreur d’interprétation, contrairement aux outils standard. L’étude de Leah est la première à avoir estimé de façon plausible l’effet causal de la vaccination contre le VPH sur les comportements sexuels à risque. Elle conclut que ni la mise en œuvre du programme ontarien d’immunisation contre le VPH, ni l’administration du vaccin lui-même ne conduit à un changement du taux de grossesse ou d’infections transmises sexuellement. 

 

Ces résultats ont été et demeurent importants pour les décideurs, les professionnels de la santé, les parents et les jeunes adultes. Bien informer les parents et le grand public des preuves scientifiques concernant le coût et les avantages des vaccins destinés aux jeunes reste un défi de taille pour la politique de santé. Son article dans le CMAJ a fait l’objet d’une grande attention dans les médias, notamment à la CBC-Radio Canada, au Globe and Mail et dans le Wall Street Journal. Le deuxième article de Leah, une évaluation cliniquement importante et pertinente pour la politique de l’effet de la politique ontarienne de vaccination contre le VPH, et du vaccin lui-même, sur la dysplasie cervicale et les verrues anogénitales chez les adolescentes, a atteint un large public clinique et suscité une vive attention des médias. Son troisième article, paru dans une prestigieuse revue d’épidémiologie à forte empreinte méthodologique, encourage ses collègues à utiliser le plan de discontinuité par régression de manière responsable et productive.

 

La dédicace du prix est la suivante: 

« À Leah Smith, pour ses travaux importants sur les effets positifs et le manque d’effets négatifs du programme ontarien de vaccination contre le VPH; et pour avoir montré comment l’utilisation de méthodes statistiques rigoureuses, de cadres quasi-expérimentaux et de données administratives démographiques provinciales peut contribuer de manière concrète à améliorer la santé et les systèmes de santé au Canada et ailleurs. »

 

Merci à James Hanley, qui a été principalement responsable de la production de ce contenu.