Paul Gustafson, lauréat de la Médaillé d'or de la SSC 2020

Paul

La Médaille d’or de la Société statistique du Canada est décernée cette année à Paul Gustafson. Ce prix prestigieux est attribué à un chercheur pour son apport exceptionnel à la statistique ou à la théorie des probabilités par des avancées mathématiques ou des applications. Elle rend hommage à un chef de file actuel dans son domaine.

Paul est né en 1968 à Birmingham, Royaume-Uni, de parents saskatchewanais. En 1978, sa famille a déménagé à Prince Rupert, Colombie-Britannique, où Paul a terminé ses études secondaires. Il a tellement apprécié ses études de premier cycle en mathématiques et de 2e cycle en statistique à UBC qu’après avoir complété son doctorat à Carnegie Mellon University en 1994, il est revenu sur le campus, d’abord comme chercheur postdoctoral, puis comme professeur adjoint.

Pendant ses études de maîtrise, Paul s’était épris du théorème de Bayes. Il a approfondi cet intérêt dans sa thèse doctorale, rédigée sous la supervision de Larry Wasserman et dans laquelle il proposait des schémas formels pour évaluer la sensibilité des inférences a posteriori au choix d’une distribution a priori. Les méthodes bayésiennes sont depuis lors restées au premier plan des travaux de Paul. Son palmarès démontre qu’il est, en plus d’un statisticien exceptionnel, un brillant homme de science, ayant notamment contribué à comprendre quelles inférences sont possibles ou non dans les contextes rendus complexes par le plan d’étude, des données manquantes ou mal mesurées ou tant d’autres problèmes dont peut souffrir une étude. Ainsi, son article de 2005 paru dans Statistical Science sur l’extension de modèles préconise d’utiliser un modèle scientifiquement « honnête » plutôt que de modifier le modèle pour convenir aux restrictions inférentielles. Il s’intéresse actuellement aux approches bayésiennes dans les domaines de l’inférence causale, de la synthèse des données probantes, de l’erreur de mesure et de l’identification partielle. 

De manière remarquable, les publications de Paul explorent aussi bien des idées théoriques profondes que des travaux d’application importants, et ce souvent dans le même article. Son programme de recherche est largement inspiré par les applications biostatistiques et épidémiologiques et il collabore fréquemment avec des chercheurs en santé sur un éventail de problèmes de santé. L’article qu’il a cosigné en 2014 dans le American Journal of Epidemiology sur la sclérose en plaques a été sélectionné par la rédaction comme l’un des meilleurs du domaine cette année-là.

Les deux ouvrages de Paul, Measurement Error and Misclassification in Statistics and Epidemiology: Impacts and Bayesian Adjustments (2004) et Bayesian Inference in Partially Identified Models: Exploring the Limits of Limited Data (2015) explorent une bonne partie de ses contributions de recherche et les traduisent à l’intention d’un public plus large. Ces livres reflètent la volonté de Paul de comprendre quelles combinaisons d’hypothèses de modélisation et d’informations préalables permettront des inférences utilement étroites plutôt que vainement larges.

À UBC, Paul a été un mentor modèle. Il a supervisé ou co-supervisé 13 étudiants au doctorat, 24 étudiants à la maîtrise et quatre chercheurs postdoctoraux, dont bon nombre occupent depuis des postes universitaires. Il a également enseigné à tous les cycles. Il a rendu de bons et loyaux services au département : directeur par intérim à deux reprises, il en est le directeur depuis 2019. Paul a également joué un rôle crucial en tant que codirecteur fondateur du programme de maîtrise en science des données de UBC, programme qui a accueilli sa première cohorte d’étudiants en 2016 et affiche désormais complet.

Au-delà de UBC, Paul a joué divers rôles dans des revues et organisations nationales et internationales. Il a été rédacteur en chef de La revue canadienne de statistique (2007–2009) et en 2014 il est devenu le premier rédacteur spécialisé en méthodes statistiques de la revue Epidemiology, poste qu’il détient encore aujourd’hui. Paul est un ancien président du comité de sélection des subventions de recherche en sciences statistiques (CSS 14) du CRSNG et il a présidé le comité du programme du congrès 2015 de la SSC à l'Université Dalhousie. 

Paul a précédemment été récompensé pour ses travaux par le prix CRM-SSC en 2008 et par son élection au titre de Compagnon de l’ASA en 2011. Il est par ailleurs le récipiendaire à deux reprises d’un supplément d’accélération à la découverte du CRSNG.

Paul est éternellement reconnaissant du soutien de son épouse, extraordinaire médecin de santé publique et collaboratrice occasionnelle, Reka Gustafson, qui sait si bien faire le tri dans les idées saugrenues de son mari. Dès qu’ils le peuvent, Paul et Reka s’évadent à bicyclette, près de chez eux ou à l’étranger. 

Pour le meilleur et pour le pire, Paul et Reka semblent avoir transmis leur appréciation de la côte Ouest et de l’éducation qu’offre UBC à la génération suivante. L’un de leurs fils vient de compléter son diplôme d’ingénierie, l’autre est étudiant en science informatique et physique, tandis que leur fille va plonger cet automne dans sa propre aventure à UBC.

 

La dédicace du prix est la suivante : 

« À Paul Gustafson, en reconnaissance de ses contributions majeures aux fondements de l’inférence, notamment à la robustesse bayésienne, à l’analyse de la sensibilité et à l’identifiabilité des modèles; pour ses avancées exceptionnelles dans la reconnaissance des limites des études d’observation grevées d’erreurs de mesure et autres obstacles inhérents, ainsi que dans des outils statistiques efficaces pour surmonter ces limites; pour ses contributions fondamentales aux méthodes applicables à la biomédecine et à l’épidémiologie; et pour son bilan remarquable de mentor et de service à la communauté des sciences statistiques au Canada et à l’étranger. »

 

Merci à Will Welch, qui a été principalement responsable de la production de ce contenu.

Vendredi, 29 mai, 2020

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