Le récipiendaire de la médaille d’or 2015 de la Société statistique du Canada est le professeur Richard Lockhart. La médaille d’or est octroyée à une personne qui a contribué de façon remarquable à la statistique ou à la théorie des probabilités grâce à des développements mathématiques ou à des applications.
Richard Lockhart est professeur au Département de statistique et d’actuariat de la Simon Fraser University. Richard est né à Montréal en 1954 et a grandi à Winnipeg (Manitoba) et Tsawwassen (Colombie-Britannique). Il a obtenu un baccalauréat en mathématiques de UBC en 1975, une maîtrise de l’Université de Californie à Berkeley en 1976, puis un doctorat en statistique de cette même université en 1979. Sa thèse, intitulée « The Programming Operation on s-fields », a été rédigée sous la direction de David Blackwell. Après une bourse postdoctorale de six mois au Centre de recherches mathématiques de l’Université de Montréal il a rejoint la Simon Fraser University en septembre 1979. Il y travaille depuis cette date, sauf pour des années sabbatiques passées à Waterloo et Oxford, ainsi qu’une année à la University of Toronto.
Richard est un chef de file de la statistique au Canada, que ce soit par l’entremise de sa recherche, de ses nombreuses contributions à la Société statistique du Canada, de son enseignement et de son mentorat des étudiants à la Simon Fraser University, ou encore de son enthousiasme envers toute nouvelle idée ou du plaisir à s’attaquer à de nouveaux problèmes. Il s’intéresse de longue date aux tests d’adéquation et a fait de nombreuses contributions à ce domaine avec Michael Stephens, en commençant par leur article publié dans Biometrika en 1985 jusqu’à son article publié dans Bernoulli en 2012. Ce dernier représente une contribution élégamment rédigée, réfléchie et très originale à un sujet que certains avaient jugé comme étant « réglé ». Richard a montré que les tests d’adéquation conditionnels et inconditionnels peuvent être quasiment identiques à certaines conditions. Il faudra encore certainement quelques années avant de saisir toute l’importance de cette contribution ; les remarques de conclusion dans la section de discussion présentent toute une série d’idées et de façons de poursuivre ces travaux.
Bien qu’il soit surtout connu pour ses travaux sur les tests d’adéquation, Richard est l’un des rares polymathes de notre discipline – il a contribué de manière intéressante et originale à une variété surprenante de domaines. Avec son colocataire de Berkeley, Peter Guttorp, il a travaillé sur les modèles bayésiens applicables aux données directionnelles, sur la théorie des limites uniformes pour les formes quadratiques de grande dimension et sur l’inférence dans les processus de Galton-Watson-Bienaymé. Avec son ancienne étudiante, Grace Chiu, il a rédigé plusieurs articles sur la régression dite « bent-cable ». Il a collaboré avec Peter Borwein sur les polynômes aléatoires ; leurs articles ont été publiés dans les Annals of Mathematics et les Proceedings of the American Mathematical Society. Il a par ailleurs collaboré avec Joan Hu sur des projets relatifs aux données de panel, ainsi qu’avec son ancien étudiant, Gemai Chen, sur le modèle de Box-Cox. Ses collaborateurs vous diront que ses contributions et ses idées ont garanti le succès de ces projets. Ces dernières années, Richard a entamé une collaboration très stimulante avec Rob et Ryan Tibshirani, ainsi que Jonathan Taylor, sur la théorie asymptotique appliquée aux estimateurs de lasso. Il s’agit d’un sujet hautement important qui n’est traité aujourd’hui que par une poignée de personnes qui travaillent sur les données de grande dimension. Le fait que Richard ait pu apporter d’aussi importantes contributions sans avoir une expérience approfondie du domaine est impressionnant, mais – connaissant ses forces – pas étonnant.
La grande force de Richard tient à sa profonde connaissance de l’analyse, de la théorie des probabilités et de la statistique fondamentale, ce qui lui a permis de résoudre des problèmes en théorie asymptotique et de justifier ses procédures de manière rigoureuse. Il est prêt à s’attaquer à tout problème qu’on lui présente, ainsi que le prouvent ses nombreuses publications et collaborations et ses apports aux tests d’adéquation, au traitement du signal, aux processus stochastiques, à l’utilisation de la transformation de Box-Cox, au lissage et au lasso, parmi tant d’autres domaines.
Les contributions de Richard au service professionnel sont tout aussi remarquables et variées, notamment dans le domaine de la recherche. Il a été rédacteur en chef de La revue canadienne de statistique (2001-03) et directeur exécutif de la Société statistique du Canada pour Statistical Surveys (depuis 2007) ; il a également été rédacteur adjoint de Technometrics de 2002 à 2007. Il a présidé la Société statistique du Canada (1996-97) et siégé à de nombreux comités consultatifs scientifiques, comme le Comité consultatif des méthodes statistiques de Statistique Canada (1998-2012) et le comité consultatif de l’ASA auprès de l’Energy Information Agency (1991-96). Il a siégé au comité de sélection des subventions en sciences statistiques du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (1991-94) et présidé un comité de sélection des subventions d’appareillage en mathématiques et statistique dans sa dernière année. Il a présidé le comité scientifique du congrès annuel de la Société statistique du Canada (2006) et siégé à plusieurs autres comités d’organisation. De 2008 à 2014, il a dirigé le Département de statistique et d’actuariat de la Simon Fraser University.
Les contributions de Richard ont déjà été reconnues dans le passé. Il a été élu « fellow » de l’American Statistical Association en 2013 et « fellow » de l’Institut de statistique mathématique en 2014. Il s’est vu décerner le prix pour services insignes de la SSC en 2002.
L’auteur d’une lettre d’appui à la candidature de Richard Lockhart a écrit : « Richard est le chercheur le plus désintéressé que je connaisse – il saisit toutes les occasions de proposer son aide, peu importe que la question vienne de ses étudiants, de ses collègues, d’un article en révision, d’un client de conseil ou d’un courriel de l’étranger, et il ne s’attribue souvent aucun mérite. »
« À Richard Lockhart, pour ses remarquables contributions à l’inférence et à la méthodologie statistiques ; pour avoir développé la théorie asymptotique et justifié de façon rigoureuse diverses méthodes de statistique appliquée en faisant appel à sa connaissance approfondie de l’analyse, de la théorie des probabilités et de la statistique fondamentale ; pour l’étendue de ses travaux, notamment sur les tests d’ajustement, le traitement de signaux, les processus stochastiques, l’utilisation de la transformation de Box-Cox, le lissage et le lasso. »