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Colin Blyth
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Le statisticien canadien Colin Ross Blyth est décédé le 22 août 2019 à l’âge de 96 ans. Né à Guelph le 24 octobre 1922, il a complété un BA en mathématiques en 1944 à l’Université Queen’s avant de faire des études supérieures à l’Université de Toronto (MA, 1946) et à l’Université de la Californie à Berkeley (PhD, 1950), où il a été le premier doctorant d’Erich Lehmann.

Recruté par l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign à titre de professeur adjoint en 1950, Colin a été agrégé en 1955 et titularisé en 1959. De 1952 à 1955, il a aussi été consultant pour la Commission géologique de l’Illinois. À compter de 1971, il a été professeur de statistique à l’Université Queen’s, et ce jusqu’à sa retraite en 1987. À la faveur d’années d’études et de recherche, il a visité Stanford (1957–58), Oxford (1964–65) et l’Université du Nouveau-Mexique à Albuquerque (1983–84). En 1992, il a aussi été professeur invité à l’Université La Trobe de Melbourne, en Australie.

Colin a contribué à l’essor de la statistique mathématique classique. Sa thèse portait sur les procédures de décision minimax. Il a été le premier à montrer que la moyenne d’un échantillon aléatoire de variables gaussiennes est admissible et la technique de preuve qu’il a employée porte son nom. Au cours de sa carrière, il a signé, seul ou avec d’autres, plus de 30 articles dans des revues spécialisées en mathématiques, statistique et géologie. Il a écrit sur des sujets tels que la formule de Stirling, le paradoxe de Simpson, les inégalités de type Cramér-Rao, la convolution de lois de Cauchy, les intervalles de confiance sans biais les plus courts au sens de Neyman, ainsi que l’estimation d’hypothèses et les profils d’acceptabilité pour tableaux de fréquences deux par deux. Nombre de ses travaux ont été publiés dans des revues de haut calibre, dont The Annals of Mathematical Statistics, le Journal of the American Statistical Association (JASA) et Biometrika.

À Urbana-Champaign, Colin a supervisé cinq doctorants : Madanlal T. Wasan (1960), Wayne Nelson (1965), Glen Meeden (1968), Raman N. Pillai (1968) et Robert Staudte (1968); couronnées de succès, leurs carrières ont donné à Colin plus de 30 descendants. En reconnaissance de ses contributions à la profession, y compris à titre de membre du comité de rédaction de JASA de 1967 à 1971, Colin a été nommé compagnon de l’Institut de statistique mathématique (1974) et de l’Association des statisticiens américains (1975). En 1949, il a également été fait membre des sociétés Pi Mu Epsilon et Sigma Xi.

Colin était fier de ses origines écossaises. Son arrière-grand-père Alexander, fils de Colin Blyth, fondeur de laiton à Glasgow, s’est établi à Guelph en 1832 et a épousé Janet McDonald, originaire de Strathpeffer. Les ancêtres de Colin étaient cordonniers à Leith depuis le début des années 1600, et à partir de 1634 chacun d’eux, et jusqu’à Alexander, a épousé une fille des Highlands.

Féru de musique, Colin a commencé à jouer de la cornemuse au milieu des années trente et a fait partie de divers groupes à Guelph, Toronto et Kingston, dont le Rob Roy Pipe Band (1971–83). Il s’intéressait également beaucoup aux langues et a entrepris l’étude du gaélique en 1965. Il a présidé les associations gaéliques de Kingston et de Toronto et a été fiduciaire de Mòd Ontario. Conjuguant ces deux passions, il a écrit Gaelic Names of Pipe Tunes en 1994; on lui doit aussi Sullivan Ross Volume 1, A Restored Edition, paru en 2010, qui présente une perspective unique sur la musique (pour cornemuse et violon) du terroir ontarien de la deuxième moitié du 19e siècle.

Très actif pendant toute sa retraite, Colin a composé des poèmes (notamment « Kate o’Shanter », publié dans Scottish Field en 1993 et repris dans The Burns Chronicle, printemps 2009, p. 61) et il s’est intéressé à la prosodie, c’est-à-dire l’étude des rythmes et des traits phoniques des vers; voir, par exemple, son article « The prosody of Robert Burns » dans The Burn Chronicle, 2009. Colin a également publié des traductions en vers de classiques allemands de la littérature enfantine du milieu du 19e siècle : Struwwelpeter Tales of Hoffmann (1995), Struwwelpeter 2000 (2000) et Max & Moritz 2000 (2006).

Colin laisse dans le deuil son épouse de 64 ans, Valerie Thompson, leurs enfants, Mary Alice Snetsinger (Rob), Georgina Roche, Colin M. (Trish), Heather (Rob Smith), Alec (Lisa) et Donald, ainsi que neuf petits-enfants. Sa disparition a laissé un grand vide.

Légende de la figure : Photographie de Colin R. Blyth prise lors du congrès Struwwelpeter Reconsidered tenu à l’Université du Minnesota du 9 au 11 novembre 1995.

Crédit photo : Marion Herzog-Hoinkis

 

par Christian Genest, Université McGill, Montréal

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