La SSC se voit conférer des armoiries
Par Charles R. Maier, Héraut d’Athabaska
Texte de l’allocution présentée au Congrès annuel de la SSC à St-Jean de Terre-Neuve le 5 juin 1990
Monsieur le Président Hole, messieurs les membres du conseil d’administration, honorables invités et membres de la Société statistique du Canada.
C’est pour moi un grand plaisir d’être parmi vous ce soir en tant que représentant de l’Autorité héraldique du Canada. Le bureau de la politique héraldique est situé dans la résidence du gouverneur général à Ottawa, sous la direction de son excellence le gouverneur général Ramon Hnatyshyn. C’est aussi un privilège pour moi d’honorer votre Société et de reconnaître les contributions qu’elle a apportées à la vie canadienne depuis sa fondation.
La Société statistique du Canada se voit conférer des armoiries et, de ce fait, être pourvue d’un emblème distinctif et admirable qui sera désormais la propriété de tous ses membres.
Deux concepts m’apparaissent essentiels au coeur d’une telle cérémonie: l’honneur et le symbolisme. Avec votre indulgence, je voudrais passer quelque temps à parler de chacun de ces concepts et à essayer de les relier à l’importante présentation faite ce soir à votre Société.
Laissez-moi tout d’abord parler de l’honneur. Ce qu’un pays choisit d’honorer indique les valeurs principales de ce pays. Dans les pays militaristes, les médailles et les décorations pour faits d’armes sont souvent le plus hautement prisées. Dans les sociétés aristocratiques, les héritiers de certaines familles nobles vont plutôt obtenir des titres spéciaux ou autres formes d’honneur. Les sociétés matérialistes, elles, vont surtout donner de l’importance aux signes extérieurs de richesse.
Le Canada, quant à lui, a choisi la reconnaissance publique d’une réussite individuelle; l’Ordre du Canada, par exemple, reconnaît les mérites de gens tels que Terry Fox, Karen Cain et Rick Hansen. Et ce soir, cette reconnaissance s’applique à votre association professionnelle pour son travail incessant à offrir un forum aux statisticiens de ce pays. Forum où ils peuvent partager et échanger des idées ainsi que des sujets de recherche tout en discutant des perspectives professionnelles intéressantes au niveau national.
Une telle association ne se crée pas sans un travail assidu, ni sans d’innombrables heures de bénévolat. Une telle association ne se crée pas, non plus, sans peine, ni controverse. Je voudrais espérer que le symbolisme des armoiries qui vous sont conférées ce soir touche particulièrement tous ceux d’entre vous qui ont consacré de nombreuses heures de travail par le passé pour le progrès de votre profession et de votre association nationale.
Les trois emblèmes constituant vos armoiries tirent leurs origines du moyen-âge, rappelant ainsi le temps de la chevalerie: un écu d’arme (ou bouclier), un heaume (ou casque) et un timbre (ou couronne). Autrefois, les chevaliers demandaient à leur souverain de leur accorder des signes distinctifs qui permettent de les identifier en temps de guerre, alors qu’ils étaient engoncés dans leurs lourdes armures, et de rappeler les services qu’ils rendaient au peuple en temps de paix.
Originellement, ces signes distinctifs étaient peints sur des vêtements ou sur des garnitures spéciales portés sur l’armure, ce qui explique le terme anglais pour armoiries: «coat of arms». (En fait, ces vêtements n’étaient pas tellement différents du tee-shirt aux armoiries de la Société que Maureen Tingley a fait réaliser pour votre congrès de cette année!) Les chevaliers de l’ancien temps peignaient aussi avec grand soin leurs armoiries sur cette importante pièce d’équipement défensif qu’est l’écu, car leur vie en dépendait souvent en plein coeur de la bataille.
C’était alors un souci constant pour le roi, qui avait la responsabilité de tous les aspects de la société féodale, de veiller à ce que deux chevaliers ne portent pas les mêmes armoiries. Comme beaucoup de personnes en faisaient usage, il fallait donc établir un moyen de savoir qui avait droit à quelles armoiries. C’est alors que les rois et princes nommèrent des officiers spéciaux appelés hérauts ou hérauts d’armes qui avaient pour fonction d’inventorier les armoiries existantes et d’en accorder de nouvelles. L’usage d’armoiries sur des drapeaux et des sceaux a persisté après la disparition de la chevalerie.
Aujourd’hui, des personnes, des institutions et des pays continuent de les employer pour s’identifier. L’attribution des armoiries à une société, comme la Société statistique du Canada, est toujours considérée comme un honneur puisqu’elle démontre l’engagement de cette société envers la communauté.
Sur les armoiries conférées à la Société Statistique du Canada, l’écu d’arme porte les couleurs nationales du Canada, le rouge et le blanc. Il évoque un carré latin d’ordre trois dans lequel trois images sont répétées trois fois: un carré rouge, un carré blanc avec une feuille d’érable rouge et un carré rouge et blanc séparé diagonalement. La répétition de ces éléments dans un format de carré latin montre simplement combien les concepts statistiques peuvent être séduisants quand ils sont bien présentés!
Au-dessus de l’écu se trouve un heaume auquel était attaché, aux temps médiévaux, un autre élément d’identification distinct appelé le timbre. Dans le cas de votre Société, il s’agit d’un harfang des neiges et d’un éclair. Le symbole aviaire du Québec rappelle la province dans laquelle la Société a été fondée et évoque aussi la sagesse que les statisticiens se doivent de transmettre tandis que l’éclair représente la réflexion que leur travail génère. Je suis sûr que l’harfang n’a rien à voir avec les nuits blanches que les membres de votre profession sont obligés de passer pour effectuer leur travail.
Ces armoiries ont été réalisées avec l’assistance inestimable des membres du comité créé pour la circonstance: MM. Peter Macdonald, George Styan et Geoffrey Hole qui ont patiemment étudié les concepts et fourni en retour un grand nombre d’idées. Je crois que leur dévouement et leur dur labeur se reflètent dans le symbolisme de vos armoiries. Bien entendu, chacun peut interpréter à sa manière ce symbolisme. Il me ferait donc plaisir de recueillir les interprétations diverses que pourraient en trouver les statisticiens.
Les armoiries sont conférées suivant l’ancienne prérogative de la couronne de concevoir et d’attribuer les insignes héraldiques. Depuis 1988, ces pouvoirs ont été exercés au Canada par le gouverneur général de notre pays, l’honorable Ramon Hnatyshyn, responsable de la politique héraldique canadienne.
Le document légal conférant à la Société statistique du Canada ses armoiries est une lettre patente. Elle prend ici la forme d’une lettre ouverte du responsable de la politique héraldique canadienne adressée à tous les membres de votre Société, et dans laquelle il honore celle-ci de façon formelle pour l’importance de son travail
En tant qu’héraut d’Athabaska, j’ai maintenant le plaisir de lire ces lettres patentes et de les présenter à votre président.