Pourquoi la Société statistique du Canada possède-t-elle des armoiries et comment en a-t-elle eu besoin ?
Par Geoff Hole, président de la SSC 1989-1990
2 septembre 2004
L’histoire commence avec Martin B. Wilk qui suggéra au président d’alors, Robert Cléroux (1988-1989), que ce serait une bonne idée pour la SSC d’envoyer des souhaits à l’Association statistique américaine (ASA) à l’occasion de leur cent cinquantième anniversaire le 27 novembre 1989. J’étais alors président désigné et à l’époque, il semblait que la seule fonction de ce poste consistait à apprendre à partir de l’exemple du président actuel. J’ai alors demandé à Robert si je pouvais lui être utile et il m’a suggéré de prendre le relais de la suggestion de Martin Wilk. Un texte fut rédigé dans les deux langues officielles, soumis à l’approbation de l’exécutif de la SSC et envoyé le moment venu. Nous voulions cependant envoyer un souhait officiel que l’ASA serait fière de mettre en montre bien en vue dans son bureau. À cet effet, nous avions besoin de quelque chose de plus que le sigle SSC entre le souhait imprimé de chaque côté en anglais et en français. L’acronyme SSC avait été utilisé depuis la creation de la Société et représentait fortuitement le nom de la Société dans les deux langues. La recherche commença et on explora la possibilité d’utiliser une toile de Krieghoff ou du Groupe des Sept comme arrière-plan à notre document formel de souhaits pour incarner notre identité. Finalement, nous avons convenu que ce dont nous avions besoin était notre propre emblème et j’ai présidé un comité avec Peter Macdonald et George Styan comme membres. Nous avons communiqué avec le Bureau des armoiries à Rideau Hall et avons eu la chance que Charles Maier, héraldiste d’Athabaska soit assigné pour travailler en étroite collaboration avec nous afin d’en arriver à un modèle approprié. Après avoir décidé du modèle, le conseil d’administration de la Société a présenté une requête pour l’obtention des armoiries, du blason et de la devise.
Les armoiries sont essentiellement un moyen d’identifier rapidement un individu ou une organisation et ce qu’il ou elle représente. Nous avons examiné ce que les autres sociétés statistiques utilisaient. L’Association statistique américaine possède essentiellement un sceau : un aigle qui repose sur un piédestal avec des serpents dont les sinuosités se dressent symétriquement de chaque côté de ses ailes étendues, le tout entouré d’un ovale avec le texte « American Statistical Association founded 1839 ». La Société statistique royale utilize un sceau circulaire : une gerbe de blé debout entourée du texte « Royal Statistical Society founded 1834 ».
Une partie du symbolisme de nos armoiries mérite une explication. Mais nous devrions aussi noter le commentaire de Charles Maier à savoir que le symbolisme est toujours sujet à une interprétation nouvelle et originale.
L’écusson conféré à la la Société statistique du Canada présente les couleurs nationales du Canada, le rouge et le blanc. Sa forme est un carré latin 3 x 3, dans lequel trois images sont répétées trois fois, dont l’une est un carré blanc avec une feuille d’érable rouge, comme celle du drapeau canadien. Le carré latin rappelle les notions statistiques de randomisation et d’orthogonalité, fondamentales dans la planification d’expériences statistiques. L’écusson semble divisé en deux triangles (supérieur gauche et inférieur droit) par une ligne rappelant la régression.
Au-dessus de l’écusson se trouve un heaume, auquel était rattaché, au Moyen Âge, un autre élément d’identification distinctif appelé le cimier. Dans le cas de notre société, c’est le harfang des neiges tenant un éclair. Cet oiseau emblématique du Québec rappelle non seulement la province où la Société a d’abord été créée mais évoque la sagesse que les statisticiens se doivent de transmettre. L’éclair dans la serre du harfang symbolise peut-être le calcul statistique moderne, les éclairs de perspicacité générés par le travail statistique et « une série chronologique ».
Le harfang des neiges est un oiseau avec une vision exceptionnelle et une ouïe fine et peut détecter sa proie à plusieurs milles de distance. C’est un oiseau de terrain découvert et contrairement à plusieurs autres chouettes, il est actif durant les heures de clarté. Dans le Grand Nord, où il se reproduit, il depend en grande partie des lemmings pour se nourrir. La population de lemmings subit des changements périodiques dus à une explosion démographique suivie d’épidémies (un processus stochastique).
La chouette femelle est représentée, tel qu’indiqué par la presence de marques foncées, nous rappelant le nombre croissant de femmes statisticiennes. Cette interprétation fait agréablement contrepoids à l’écusson masculin.
La devise en latin « Scientia Sapientia Consilium » rappelle les caractéristiques fondamentales de la profession statistique : science, sagesse et conseil. Les premières lettres de la devise, SSC, correspondent heureusement avec le sigle de la Société à la fois en anglais et en français. À une réunion de l’exécutif, après la suggestion d’une devise en latin, les idées se bousculèrent et on en arriva à un accord. Le carré latin représente et souligne la science, de même le harfang pour la sagesse et ses yeux jaunes inquisiteurs pour le conseil, la vision nécessaire à notre Société et le rôle qu’elle doit jouer pour maintenir le bien public et statistique. En effet, notre devise souligne la base scientifique de la recherche et la pratique statistiques, qui peut générer la sagesse, lorsque combinée avec la capacité de fournir un bon conseil statistique.
Les lettres patentes, un honneur de la couronne canadienne, ont été présentées par l’héraldiste d’Athabaska Charles Maier, au Président de la Société, Geoffrey Hole, le 5 juin 1990 à la Memorial University de Terre-Neuve au cours du Congrès annuel de 1990 de la Société. À ce même congrès, Geoffrey Hole présenta les souhaits de la SSC pour le cent cinquantième anniversaire de l’ASA à Janet L. Norwood, présidente de l’ASA pour 1989 et commissaire du U. S. Bureau of Labor Statistics, qui avait aussi aimablement accepté, à l’invitation de Geoffrey Hole, de prononcer l’allocution de l’invitée du Président.
Ces souhaits ont motivé la Société à rechercher des armoiries. Ils débutent par un énoncé de nos objectifs communs : « Nous cherchons à stimuler la recherche en statistique ainsi que ses applications, nous favorisons et promouvons les intérêts des statisticiens et de la statistique, et, finalement, nous contribuons aux débats portant sur des questions importantes où l’analyse statistique peut apporter un certain éclairage ». Espérons que ces objectifs viennent à l’esprit chaque fois que nos armoiries apparaissent.
Les armoiries apparaissent maintenant sur le bulletin de la Société (SSC Liaison), sur ses en-têtes de lettre et sur ses proclamations et présentations. Un tableau des armoiries est exposé en permanence à la Memorial University de Terre-Neuve, en souvenir de la proclamation des lettres patentes.